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10 octobre 2009 6 10 /10 /octobre /2009 15:33


1636 - 1711


BOILEAU est le type même de l'homme de lettres. Il a  consacré toute son activité, toute son ardeur combative à la littérature et à la défense de son idéal poétique fondé sur la raison et la vérité. Ce sont les dates de publication de ses ouvrages qui jalonnent l'histoire de sa vie.

Défenseur du bon sens, du naturel et de la vérité en poésie, Boileau dresse le tableau et donne les lois de la bonne littérature, celle de l'honnête homme.


UNE VOCATION   :  Quinzième enfant d'un greffier au Parlement, NICOLAS BOILEAU naquit à Paris, à côté du Palais de Justice, le ler novembre 1636. De son vivant et au XVIIIe siècle, on l'appelle généralement  DESPRÉAUX, du nom d'une terre de famille. L'enfant connaît à peine sa mère, qui meurt en 1638. Il  est élève au Collège d'Harcourt et au Collège de Beauvais (à Paris), étudie la théologie, puis le droit. A vingt ans le voici avocat ; mais, quoiqu'il soit "né d'aïeux avocats"  et "fils, frère, oncle, cousin, beau-frère de greffier", le barreau ne le tente pas plus que l'état ecclésiastique. Dès 1653 il écrit des vers, appelé par une vocation irrésistible. A la mort de son père (1657), la modeste aisance que lui assure sa part d'héritage lui permet de satisfaire ses goûts. Son tempérament le porte d'abord vers la poésie satirique.

LE SATIRIQUE   (1657 - 1668)
La verve satirique ne tarira jamais chez Boileau, mais, dans la première période de sa vie littéraire, il cultive exclusivement ce genre, à l'imitation d'HORACE, de JUVÉNAL et, chez nous, de MATHURIN RÉGNIER . Il collabore avec Furetière, ainsi que son frère aîné Gilles Boileau, au "Chapelain décoiffé", qui paraît en 1665. Ce pamphlet attaque, sous la forme d'une parodie en vers de quelques scènes du Cid, le poète CHAPELAIN (1598-1674), véritable tyran des lettres depuis que Colbert l'avait chargé de désigner les auteurs à pensionner (1663).
Boileau fréquente alors le sceptique La Mothe le Vayer, chez qui il rencontre MOLIÈRE ; il se lie aussi avec LA FONTAINE, peut-être dans un de ces cabarets littéraires où on le voit souvent, et avec le jeune RAClNE.

Il conçoit à cette époque son "Dialogue des héros de roman", parodie des grands romans précieux dont il n'envisage la publication qu'après la mort de Mlle de Scudéry, "ne voulant pas donner de chagrin à une fille qui, après tout, avait beaucoup de mérite". En 1666 il donne les Satires 1 à VII, que suivent en 1668  les Satires VIII et IX. Dès cette date il  est célèbre, mais son talent incisif et son franc-parler lui valent bien des inimitiés.


L'art de bien écrire

L'Art poétique,
véritable manifeste du classicisme français, est une doctrine littéraire dont les préceptes visent surtout à magnifier l'idée du beau. Tout poète ou écrivain doit atteindre cet idéal de beauté en suivant les cinq principes suivants.
En un,
imiter la nature : "Le faux est toujours fade, ennuyeux,  languissant ; / Mais la nature est vraie et d'abord on la sent. / Rien n'est beau que le vrai, le vrai seul est aimable (...) /  Que la Nature donc soit votre étude unique."
En deux
, suivre la raison ; loin des fantaisies de l'imagination et de la sensibilité, l'artiste n'entend qu'un mot d'ordre : "Aimez donc la  raison (...)
En trois,
chercher le Bien qui se confond avec le Beau, condition indispensable pour plaire et être utile au lecteur : "Le vers se sent toujours des bassesses du coeur."
En quatre,
imiter les Anciens car ils ont subi l'épreuve du temps et qu'il est préférable de renouveler un sujet déjà traité plutôt qu'inventer du nouveau.
En cinq, parvenir à la perfection de la forme afin d'assurer à l'oeuvre l'immortalité : "Sans la langue,
en un mot, l'auteur le plus divin / Est toujours, quoi qu'il fasse, un méchant écrivain."


Un polémiste dogmatique

Homme de plume et de verve, qui a ses humeurs, ses "bêtes noires" et ses protégés, Boileau ne ménage pas ses contemporains sauf les écrivains qui, comme lui, sont épris du naturel et de la raison, en particulier Molière et Racine ; ceux là  sont ses amis. Mais son goût, parfois trop étroit, ne fut pas infaillible : dans le chant I, il médit beaucoup de Ronsard, et nulle part il ne souffle mot du grand La Fontaine. Par son dogmatisme, il a enfermé la poésie dans un bon sens codifié, qui a, hélas, donné l'illusion aux poètes en herbe que la poésie pouvait s'apprendre ! Celui que les romantiques appelleront le "fossoyeur" des lettres passe pour un versificateur à cheval sur les règles de la grammaire et du style. Pourtant, quand il énonce les grands principes de l'élaboration de l'oeuvre d'art, Boileau donne raison à Voltaire : "L'Art poétique de Despréaux est sans contredit le poème qui fait le plus d'honneur à la langue française."

Quand Nicolas Boileau-Despréaux publie son "Art poétique" en 1674, la fortune de la doctrine de Malherbe, dont il se réclame, est déjà assise depuis quinze ans. S'il n'invente pas les règles classiques, Boileau a le mérite de les définir sous une forme versifiée plaisante.



Extraits :

L'Art poétique est un poème didactique composé de quatre chants Chant I : conseils généraux sur l'art d'écrire et histoire de la poésie française.
Chant II : étude des petits genres poétiques.
Chant III
: étude des grands genres : épopée. tragédie. comédie.
Chant IV : moeus de l'écrivain et mission morale de l'oeuvre d'art.


CHANT I

Quelque sujet qu'on traite, ou plaisant, ou sublime,
Que toujours le bon sens s'accorde avec la rime :
L'un  l'autre vainement ils semblent se haïr
La rime est une esclave, et ne doit qu'obéir.
Lorsqu'à la bien chercher d'abord on s'évertue,
L'esprit à la trouver aisément s'habitue ..
Au joug de la raison sans peine elle fléchit,
Et loin de la gêner, la sert et l'enrichit.
Mais lorsqu'on la néglige, elle devient rebelle,
Et pour la rattraper le sens court après elle.
Aimez donc la raison : que toujours vos écrits
Empruntent d'elle seule et leur lustre et leur prix. (. ..)
Enfin Malherbe vint, et le premier en France,
Fit sentir dans les vers une juste cadence,
D'un mot mis en sa place enseigna le pouvoir,
Et réduisit la muse aux règles du devoir.
Par ce sage écrivain la langue réparée
N'offrit plus rien de rude à l'oreille épurée.
Les stances avec grâce apprirent à tomber
Et le vers sur le vers n'osa plus enjamber.
Tout reconnut ses lois ; et ce guide fidèle
Aux auteurs de ce temps sert encore de modèle.
Marchez donc sur ses pas ; aimez sa pureté
Et de son tour heureux imitez la clarté.

                         ***

CHANT IV

(...) Mais aussi pardonnez si, plein de ce beau zèle,
De tous vos pas fameux, observateur fidèle,
Quelque fois du bon or je sépare le faux,
Et des auteurs grossiers j'attaque les défauts ;
Censeur un peu fâcheux, mais souvent nécessaire,
Plus enclin à blâmer que savant à bien faire. (...)
Quelque sujet qu'on traite, ou plaisant, ou sublime
Que toujours le bon sens s'accorde avec la rime :
L'un l'autre vainement ils semblent se haïr  ;
La rime est une esclave, et ne doit qu'obéir.
Lorsqu'à la bien chercher d'abord on s'évertue,
L'esprit à la trouver aisément s'habitue ;
Au joug de la raison sans peine elle fléchit,
Et, loin de la gêner, la sert et l'enrichit.
Mais lorsqu'on la néglige, elle devient rebelle,
Et pour la rattraper le sens court après elle.
Aimez donc la raison : que toujours vos écrits
Empruntent d'elle seule et leur lustre et leurs prix.

Notes :

Boileau est nommé historiographe du roi Louis XIV, charge qu'il partage avec son ami Racine. 1669 : il fait son entrée à la cour avec le Discours sur la satire. 15 avril 1684 : il entre à l'Académie française sous la pression de Louis XIV.

1680 : la querelle des Anciens et des Modernes éclate. Les Modernes attaquent et remportent de belles victoires. Perrault publie en 1687  "Le Siècle de Louis le Grand"  où il critique les Anciens. Boileau mais aussi  La Bruyère et La Fontaine réagissent et contre-attaquent en prenant la défense des Anciens. En 1693, Boileau frôle même l'esclandre en pleine séance d'Académie. Seul le  Grand Arnauld, en 1694, parviendra à
calmer les esprits et  tentera une réconciliation entre les deux chefs de file, Boileau et Perrault. Cette querelle aura au moins permis aux partisans de l'Antiquité d'éclairer et de préciser davantage les canons de l'art classique : le culte de l'Antiquité et l'épreuve du temps, l'art de la simple nature et du juste milieu.

"Sans feu, sans verve et sans fécondité, Boileau copie ; on dirait qu'il invente : comme un miroir, il a tout répété."   Marmontel.

"Un Parisien casanier, au sourire aigu, rompant avec les ennuyeux, pourchassant les ridicules, écrasant les
médiocres a guidé notre littérature. Tout écrivain libre et fier a Boileau pour complice." - Kléber Haeden

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DANTE


                                                                                                      Béatrice Portinari









Dante par Giotto








Première page de la Divine Comédie













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SOPHOCLE



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                                                                                                       Antigone




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Philotecte abandonné par les Grecs







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Sophocle  Bas relief en marbre









Sophocle




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Pythagore



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Le Banquet manuscrit sur papyrus.






Platon par Raphaël





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ARISTOTE





Aristote par Raphaël




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Aristote sur une fresque murale à Rome




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Alexandre à une bataille






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Alexandre combattant un lion







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Bronze - Alexandre









Buste d'Alexandre le Grand







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Alexandre et Aristote





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Enluminure "Chanson de Roland"










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Mort de Roland à Ronceveaux
















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Charlemagne et le Pape Adrien I






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Charlemagne et son fils Louis le Pieux






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