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21 mars 2011 1 21 /03 /mars /2011 13:47
 

 

Premières voix noires

 

Il  faut attendre le XIX ème siècle pour que se manifeste un réel intérêt à I'égard du continent africain, longtemps ignoré et méprisé. En 1830, la publication par René Caillié de son "Récit d'un voyage à Tombouctou et à Djenné" marque cependant le point de départ d'une abondante littérature de voyage consacrée à l' Afrique, à laquelle la conquête coloniale procure un succès d'actualité. Destinée à un public aussi imbu de sa supériorité raciale qu'avide de pittoresque, cette littérature exotique reste néanmoins prisonnière d'une vision occidentale et ne donne de l'Afrique qu'une image très imparfaite.


http://t0.gstatic.com/images?q=tbn:ANd9GcTDMKsA00JrdUjX2G-6aiUiKtD7iJypaSptg0IgZpOniBYdIZ-1En réaction contre la pauvreté formelle et la médiocrité de l'inspiration qui caractérisent le plus souvent la littérature exotique, un certain nombre de romanciers noirs vont s'efforcer, dans la première moitié du XX ème siècle, de dépeindre la réalité coloniale sous un jour plus authentique. Le plus connu d'entre eux est certainement  René Maran qui, en publiant "Batouala", prix Goncourt 1921, déclencha un véritable scandale. Né à la Martinique, mais d'origine guyanaise, René Maran, qui servait comme fonctionnaire de I'administration coloniale en Oubangui-Chari, s'est attaché dans ce livre à montrer les effets destructeurs de la colonisation sur une société africaine traditionnelle. En réalité, la critique du système colonial à laquelle se livre Maran s'attaque moins au principe qu'à ses applications, et la position qu'il défend est avant tout celle d'un humaniste vigilant soucieux de préserver les acquis de la civilisation occidentale : beaucoup plus qu'en faveur d'une négritude encore à naître, René Maran témoigne donc solennellement au nom de la Déclaration des Droits de I'Homme. Cependant les lecteurs africains ne s'y trompèrent pas et "Batouala" devint le livre de chevet de l'intelligentsia noire, car, remarque, Léopold Senghor, << c'est René Maran qui le premier a exprimé l'âme noire avec le style nègre en français >>.

 

 Le relativisme cuturel

 
 Cette prise de conscience de la réalité coloniale par des romanciers africains ou antillais est inséparable de l'évolution des esprits au cours de la période qui s'intercale entre les deux grandes guerres mondiales. Au brassage humain dû à la participation massive des << tirailleurs sénégalais *>> à la Grande guerre, avec toutes les conséquences qui en résultent, s'ajoute en effet, dans les années trente, un important mouvement de réévaluation des cultures. Sous l'influence d'historiens et d'ethnologues comme Frobénius, Maurice Delafosse**, Théodore Monod***, se fait en effet peu à peu jour l'idée selon laquelle chaque culture possède sa propre valeur et ses propres richesses, et qu'en conséquence il est  absurde de vouloir imposer à tout prix à l' Afrique le modèle occidental : << Le noir n'est pas un homme sans passé, remarque Théodore Monod, il n'est pas tombé d'un arbre avant-hier. L' Afrique est littéralement pourrie de vestiges préhistoriques : il serait donc absurde de continuer à la regarder comme une table rase, à la surface de laquelle on peut bâtir,  n'importe quoi. >>. Ainsi fìnissent par s'imposer les deux notions complémentaires de pluralisme des civilisations et de relativisme des cultures.

 

* Les tirailleurs sénégalais étaient un corps de militaires appartenant à l'Armée coloniale constitué au sein de l'Empire colonial français en 1857, principal élément de la « Force noire »

 

** Maurice Delafosse  1870 - 1926 est un administrateur colonial français, africaniste, ethnologue, linguiste, enseignant et essayiste prolifique.

 

*** Théodore André Monod, né le  9 avril 1922 et mort le  22 novembre 2000 -  scientifique naturaliste, explorateur, érudit et humaniste français.

 

 

Interrogé par Michel FIELD, dans son bureau de la mairie de Fort-de-France, en Martinique, Aimé CESAIRE parle de sa conception de la Négritude, de sa rencontre avec Léopold Sédar SENGHOR au lycée Louis le Grand, de ce que celui-ci lui a apporté dans la connaissance de ses origines. Le poète lit "Dyali", poème qu'il a dédié à SENGHOR.

 

 

 

 

La négritude


Cette prise de conscience de la spécificité et de la dignité des cultures africaines ne va pas tarder à être assumée et reprise en charge par les intellectuels noirs rassemblés à Paris, donnant ainsi naissance à ce qu'on appellera plus tard le mouvement de la négritude.
Sa première expression fut une sorte de manifeste-programme, au titre provocateur, << Légitime défense >>, publié en 1932, et rédigé par un groupe d'intellectuels antillais. Ses auteurs, Étienne Lero, René Ménil et Jules-Marcel Monnerot, y dressaient un sévère réquisitoire contre leurs compatriotes accusés de mimétisme littéraire et de conformisme social, et proposaient simultanément un programme qui définissait dans ses grandes lignes la voie à suivre par l'écrivain antillais : une plus grande sincérité dans sa  démarche et le recours à une thématique authentiquement africaine. Pour diverses raisons, la tentative de << Légitime défense >>, plus politique que littéraire, fut sans lendemain et ne dépassa pas le niveau  théorique. Elle devait toutefois éveiller des échos durables dans les rangs des intellectuels négro-africains du monde entier.

 

http://t0.gstatic.com/images?q=tbn:ANd9GcSpmTvnC961sMXyxFEL0fWz2YZXaZhDKR7tBWbPJtaxO0iaZ51tA l'apparition fulgurante de << Légitime défense >> succéda en effet un petit périodique corporatif intitulé <<  L'Étudiant noir  >>, rédigé par un groupe d'étudiants africains et antillais réunis autour d' Aimé Césaire, (à droite)  de Léopold Senghor ( ci dessous)  et de Léon Damas plus bas).

 

http://t3.gstatic.com/images?q=tbn:ANd9GcRAZJvY-PYcj6QSgCgh65SgACZn8MRvRoHWlpCJFvsFK5P4sgQd<<Nous étions alors plongés, écrit Senghor, avec quelques autres étudiants noirs, dans une sorte de désespoir panique. L'horizon était bouché. Nulle réforme en perspective, et les colonisateurs légitimaient notre dépendance politique et économique par la théorie de la table rase. Nous n'avions estimaient-ils, rien inventé, rien créé, ni sculpté, ni peint, ni chanté... Pour asseoir une révolution efficace, il nous fallait d'abord nous débarrasser de nos vêtements d'emprunt, ceux de l'assimilation, et affirmer notre être, c'est-à-dire notre négritude >>

 

Désireux de se démarquer par rapport à son prédécesseur, le groupe << l'Étudiant noir >> rejeta en grande partie les thèses de << Légitime défense >> et préconisa un repli fervent autour des valeurs culturelles spécifiquement nègres. Le rejet porta en grande partie sur le marxisme et le surréalisme, soupçonnés d'être des forces de récupération. Conscients que les voies africaines et les voies du marxisme divergeaient sur bien des points, les membres du groupe de  <<L'Étudiant noir>> restèrent donc à l'écart du mouvement communiste, tout en reconnaissant au socialisme son incontestable valeur en tant que méthode de recherche et technique de révolution politique. Quant au surréalisme, en dépit des liens qui unissaient le groupe à Philippe Soupault et à Robert Desnos, il ne fut, semble-t-il, qu'un moyen passager au service d'une recherche originale.

 

La poésie de la négritude


La publication de"Pigments" de Léon Damas en 1937, suivie deux ans plus tard par celle du http://redris.pagesperso-orange.fr/IMAGES/damas.gif"Cahier d'un retour au pays natal" de l' Antillais Aimé Césaire, a marqué le coup d'envoi du mouvement de la négritude auquel est bientôt venu se joindre le poète sénégalais Léopold Senghor. De la conjonction de ces trois hommes et de quelques autres (en particulier le Malgache Rabemananjara) devait naître une extraordinaire flambée poétique qui restera comme le témoignage passionné de l'expression lyrique de la révolte et de la renaissance militante de la culture africaine.
A l'origine de ce sursaut, il y a le désir commun à tous ces hommes d'échapper à la suprématie de la culture occidentale et de renouer avec des racines oubliées. Selon Franz Fanon ce << mouvement de repli >> commande et explique en grande partie une écriture qui ne peut être que lyrique :  << style heurté, fortement imagé, car l'image est le pont-levis qui permet aux énergies inconscientes de s'éparpiller dans les prairies environnantes >>. Il est donc naturel qu'en renouant avec leur passé les poètes de la négritude aient retrouvé au fond d'eux-mêmes les chants et les mots de leur enfance. Léopold Senghor le reconnaît d'ailleurs très volontiers lorsqu'il écrit : << Puisqu'il faut m'expliquer sur mes poèmes, je confesserai encore que presque tous les êtres et choses qu'ils  évoquent sont de nos cantons. Il m'a donc suffi de nommer les choses, les éléments de mon univers enfantin pour prophétiser la cité de demain, qui renaîtra des cendres de l'ancienne, ce qui est la mission du poète >>.
Le premier à emboucher la trompette de la négritude fut donc Léon Damas dont le recueil, "Pigments", exprimait la nostalgie d'un passé irrémédiablement perdu  - << rendez-les moi mes poupées noires, que je joue avec elles >> - avant de clamer brutalement sa révolte d'assimilé et de blanchi malgré lui. Deux ans plus tard, dans I'indifférence générale, "Le Cahier d'un retour au pays natal" faisait  écho au cri de Damas. Après s'être attaché à démystifìer le faux pittoresque des iles, Césaire procède à une prise de conscience graduelle de son aliénation, affirme sa volonté d'assumer totalement la souffrance de son peuple et exalte avec fougue les valeurs de la négritude retrouvée :


ma négritude n' est pas une taie d'eau morte
sur l'oeil mort de la terre
ma négritude n'est ni une tour ni une cathédrale
elle plonge dans la chair rouge du sol
elle plonge dans la chair ardente du ciel
elle troue l'accablement opaque de sa droite patience


En 1945, au lendemain de la guerre, Léopold Senghor faisait entendre sa voix dans "Chants d'ombre", suivis trois ans plus tard par "Hosties noires". Dans ces deux recueils, Senghor entreprend un pèlerinage au royaume d'enfance qui lui permet de retrouver le tuf originel 
( Ce qui constitue le fond véritable ou l'élément originel de quelque chos) dans lequel il s'enracine profondément, mais le souvenir des nuits de jadis n'oblitère pas les souffrances de I'exil, de la solitude et de la haine. Pourtant le poète veut pardonner les offenses de cette France << qui dit bien la voie droite et chemine par des sentiers obliques >>, et il affirme sa volonté de réconcilier le monde noir et le monde occidental.


http://www.lehman.cuny.edu/ile.en.ile/paroles/rabemananjara.jpgA peu près à la même époque, dans sa prison, le poète Jacques Rabemananjara achève "Antsa" (publié en 1956), hymne patriotique dédié à la liberté. En 1948 Senghor publie "l' Anthologie de la nouvelle poésie nègre" qui, du même coup, fait connaître au grand public les oeuvres des poètes noirs d'expression française, tandis que la retentissante préface de Jean-Paul Sartre orchestre à grands coups de cymbales la reconnaissance de la négritude et tente d'en ordonner les intentions maîtresses.

 

La décennie qui devait mener aux indépendances des pays africains n'a pas été inféconde sur le plan poétique - en 1956 sont publiés "Éthiopiques" de Senghor, en 1959 "Ferrements" d'Aimé Césaire -

 

L'âge du roman


Avec l'émancipation progressive des territoires d'outre-mer, l'Afrique émerge de plus d'un siècle de  soumission et accède enfìn au libre droit de disposer d'elle-même.  Un rapide coup d'oeil sur la chronologie des principaux romans africains montre en effet que la plupart furent écrits ou publiés de 1954 à nos jours, c'est-à-dire au moment même où la Cité africaine commençait à prendre conscience d'elle-même.

 

Au départ il y a la protestation. Dans "Les Bouts de bois de Dieu" (1960), le Sénégalais Sembene Ousmane (à droite), qui a été successivement docker, écrivain et cinéaste, met en scène un groupe de syndicalistes http://www.africultures.com/revue_africultures/articles/images/47/47_00_10_01.JPGaux prises avec I'administration coloniale. L'auteur part d'une situation vécue, la grève du chemin de fer du Dakar-Niger en 1947-1948, pour dénoncer la corruption et la médiocrité des chefs traditionnels, complices du pouvoir blanc, et leur opposer le courage et l'abnégation des militants qui n'hésitent pas à affronter les forces de répression pour faire triompher leurs légitimes revendications.

 

Le même souci de rendre sa dignité à http://www.google.fr/url?source=imgres&ct=img&q=http://www.nkul-beti-camer.org/IdenEncyclopedie/1-1279121306-Ferdinand-Oyono-2.jpg&sa=X&ei=M1CcTYauNNXa4AaClfHsBg&ved=0CAQQ8wc&usg=AFQjCNE7KpdVnZtUMcZwyLO2AlhpBG2iIwl'Africain exploité et humilié apparaît dans les deux chefs d'oeuvre de Ferdinand Oyono (à gauche) "Le Vieux nègre et la médaille" et "Une vie de boy"  (1956).

Le premier de ces romans narre I'épisode tragi-comique au cours duquelle vieux Méka, un brave paysan camerounais, est succes- sivement décoré par le haut-commissaire puis, à la suite d'une méprise, insulté, emprisonné et brutalisé par ceux-Ià même qui exaltaient I'amitié et la fratemité entre tous les hommes. Quant à Toundi, le malheureux héros d' "Une vie de boy", il meurt victime de sévices pour avoir été le témoin involontaire des amours coupables de la femme du commandant avec le régisseur de la prison. Mongo Beti se montre encore plus acerbe dans la dénonciation des maux liés à la colonisation.


Dans ses quatre premiers romans échelonnés de 1954 à 1958, Ville cruelle (1954), Le Pauvre Christ de http://www.etonnants-voyageurs.com/local/cache-vignettes/L150xH220/badianseydou-926de.jpgBomba (1956), Mission terminée (1957) et Le Roi miraculé (1958), cet auteur camerounais s'attache à peindre de façon assez pessimiste la dégradation de la société africaine traditionnelle au contact de la civilisation européenne. Enfin, dans "Sous l'orage" (1957), le Malien Seydou Badian aborde le délicat problème du mariage. Son roman est un réquisitoire aussi bien contre l'autorité abusive des anciens que contre la domination européenne au Soudan, et il constitue un précieux témoignage sur l'évolution de ce pays à la veille de l'indépendance.

 

 

Biographies :


 

Léopold Sédar Senghor

 

Léopold Sedar SENGHOR est né le 9 ocotbre 1906 à Joal (Sénégal). Ancien élève du Collège Libermann de Dakar puis du Lycée Louis-le-Grand, agrégé, professeur, il a été  député, et enfin Président de la République du Sénégal depuis l'indépendance. Il fut un des tout premiers pionniers de la <<négritude >> et de la  <<francophonie>>. La vocation de la poésie noire à une universa!ité humaine, qui intègre à la fois et exalte son originalité spirituelle, est sans doute le caractère dominant de son oeuvre. Chez lui la conjonction des infiuences venues de France (Paul Claudel, Saint-John Perse, Teilhard de  Chardin) avec la fidélité aux "images"  africaines fonde et justifie "l'invention" poétique.

Après des années d'enseignements, il fait paraître à la Libération, en 1945, son premier recueil de poèmes : Chants d'ombre. Parallèlement, il se lance dans la politique et est élu, en 1960, premier président de la République du Sénégal.

Régulièrement réélu à la présidence (1968, 1973 et 1978), Senghor est l'un des rares chefs d'État africains à quitter volontairement le pouvoir et à préparer sa succession. En 1981, comme il l'a annoncé, il se retire au profit de son dauphin, le Premier ministre Abdou Diouf (actuellement secrétaire général de l'Organisation internationale de la Francophonie ) en 1979. Il continue par la suite à œuvrer pour la création d'une Internationale socialiste africaine.

En 1983, il devient le premier académicien africain. Il est élu au au 16e fauteuil. La cérémonie par laquelle Senghor entre dans le cercle des académiciens a lieu le 29 mars 1984, en présence de François Mitterrand.

Il a passé les dernières années de son existence à Verson, en Normandie où il est décédé le 20 décembre 2001. Ses obsèques ont eu lieu le 29 décembre 2001 à Dakar en présence d'un grand nombre de personnalités parmi lesquelles Abdou Diouf.

 

( Espace Français.com)

 

Poème à mon frère blanc

 

Cher frère blanc,
Quand je suis né, j'étais noir,
Quand j'ai grandi, j'étais noir,
Quand je suis au soleil, je suis noir,
Quand je suis malade, je suis noir,
Quand je mourrai, je serai noir.

Tandis que toi, homme blanc,
Quand tu es né, tu étais rose,
Quand tu as grandi, tu étais blanc,
Quand tu vas au soleil, tu es rouge,
Quand tu as froid, tu es bleu,
Quand tu as peur, tu es vert,
Quand tu es malade, tu es jaune,
Quand tu mourras, tu seras gris.

Alors, de nous deux,
Qui est l'homme de couleur ?

 

 

Aimé Césaire

 

Aimé Fernand David Césaire est né à Basse-Pointe le 26 juin 1913. Son père est fonctionnaire et sa mère couturière, et il a six frères et soeurs. Son grand-père était le premier enseignant noir de Martinique, et sa femme savait lire et écrire.

De 1919 à 1924, Aimé Césaire va à l'école primaire de Basse-Pointe, puis il est boursier au lycée Schoelcher à Fort-de-France.

En 1931, il suit une classe d'hypokhâgne au lycée Louis le Grand, à Paris. Il y rencontre Léopold Sedar Senghor avec qui il sera ami jusqu'à la mort.

En septembre 1924, Césaire cofonde le journal "L'Etudiant noir", et c'est de là que va naître le terme de « négritude », qui vise à désigner l'oppression culturelle de la colonisation française.

En 1935, il entre à l'Ecole Normale Supérieure et commence à écrire Cahier d'un retour au pays natal, terminé en 1938.

En 1937, Césaire épouse Suzanne Roussi, une étudiante Martiniquaise.

En 1939, agrégé de lettres, il rentre enseigner en Martinique avec son épouse. Durant cette période, l'île est aliénée culturellement. Avec d'autres intellectuels martiniquais, le couple va fonder "Tropiques" en 1941 et se battre pour que la situation évolue. Mais durant le blocus de la Seconde guerre mondiale, les conditions de vie se dégradent, et la censure freine la jeune revue. A cette période, André Breton séjourne en Martinique et rencontre Césaire, dont il rédigera la préface. Cela marque un rapprochement avec les surréalistes.

Césaire devient le « nègre fondamental », et inspire de nombreux écrivains. En 1945, il devient maire de Fort-de-France, puis député jusqu'en 1993. Il souhaite obtenir la départementalisation de la Martinique pour lutter contre l'emprise béké.

En 1947, il crée avec Alioune Diop la revue "Présence africaine". L'année suivante, Sartre préface son Anthologie de la nouvelle poésie nègre et malgache.

En 1950, Césaire publie "Discours sur le colonialisme", qui souligne la ressemblance entre nazisme et colonialisme. Il quitte le PC en 1956 et fonde le Parti Progressiste martiniquais en 1958. Maire de Fort-de-France jusqu'en 2001, Aimé Césaire développe une politique culturelle forte, ainsi qu'une politique de création d'emplois. Plusieurs festivals annuels sont créés, qui permettent de soutenir la culture martiniquaise et les arts populaires.

En 1994, son "Discours du colonialisme" entre au programme du baccalauréat, ainsi que  "Cahier d'un retour au pays natal".

Bien que détaché de la vie politique durant ses dernières années d'existence, Aimé Césaire conserve une grande influence et tout le monde le sollicite. Le 23 février 2005, il réagit à la loi prévue sur les aspects positifs de la colonisation. Il dénonce cette mesure et refuse de recevoir Nicolas Sarkozy.

En mars 2006, il finit par l'accueillir, suite à l'abrogation d'un article controversé de la loi. Il déclare alors : « C'est un homme nouveau. On sent en lui une force, une volonté, des idées. C'est sur cette base-là que nous le jugerons ».

Pendant la campagne présidentielle de 2007, Césaire soutient activement Ségolène Royal. Aimé Césaire décède le 17 avril 2008 à Fort-de-France, suite à des problèmes cardiaques. Sa mort provoque immédiatement de nombreuses réactions. Les hommages se multiplient, qu'il s'agisse de personnalités politiques ou du monde de la littérature. Des obsèques nationales ont eu lieu le 20 avril 2008, et il est inhumé à Fort-de-France.


 

Cahier de retour au pays natal

 

Partir.
Comme il y a des hommes-hyènes et des hommes-
panthères, je serais un homme-juif
un homme-cafre
un homme-hindou-de-Calcutta
un homme-de-Harlem-qui-ne-vote-pas

l'homme-famine, l'homme-insulte, l'homme-torture
on pouvait à n'importe quel moment le saisir le rouer
de coups, le tuer - parfaitement le tuer - sans avoir
de compte à rendre à personne sans avoir d'excuses à présenter à personne
un homme-juif
un homme-pogrom
un chiot
un mendigot

mais est-ce qu'on tue le Remords, beau comme la
face de stupeur d'une dame anglaise qui trouverait
dans sa soupière un crâne de Hottentot?
 

 

 

L'île veilleuse

Aimé Césaire une voix pour l'histoire

 

 

 

 

Au rendez vous de la conquête

Aimé Césaire une voix pour l'histoire

 

 

 

 

La force de regarder demain

Aimé Césaire une voix pour l'histoire

 

 

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  • : Le blog de Cathou
  • : Bonjour à tous.... Une approche de certains écrivains ; vie, œuvres, extraits. A l'attention de la personne "ANONYME" qui se reconnaîtra.... : je n'ai jamais voulu m'approprier ce travail, j'ai noté dans ma page d'accueil les sources :Ce blog sans prétention aucune a été crée à partir de fiches -collection Atlas - et d'ouvrages - collection Lagarde et Michard et collection Nathan "Grands écrivains du Monde", -
  • Contact

Divers personnages....


DANTE


                                                                                                      Béatrice Portinari









Dante par Giotto








Première page de la Divine Comédie













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SOPHOCLE



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                                                                                                       Antigone




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Philotecte abandonné par les Grecs







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Sophocle  Bas relief en marbre









Sophocle




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Pythagore



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Le Banquet manuscrit sur papyrus.






Platon par Raphaël





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ARISTOTE





Aristote par Raphaël




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Aristote sur une fresque murale à Rome




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Alexandre à une bataille






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Alexandre combattant un lion







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Bronze - Alexandre









Buste d'Alexandre le Grand







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Alexandre et Aristote





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Enluminure "Chanson de Roland"










http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/1/18/Mort_de_Roland.jpg/300px-Mort_de_Roland.jpg
Mort de Roland à Ronceveaux
















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Charlemagne et le Pape Adrien I






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Charlemagne et son fils Louis le Pieux






RUTEBOEUF

                            



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Ruteboeuf par Clément Marot

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