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15 septembre 2009 2 15 /09 /septembre /2009 12:35


1622 - 1673


Un magicien qui changeait en rire la laideur du monde.



La vocation du théâtre

Jean-Baptiste Poquelin
est né à Paris en 1622, dans une famille bourgeoise. Son avenir paraît tracé : son père, qui possède la charge convoitée de tapissier du roi, et qui compte bien la transmettre à sa  descendance, lui ouvre la voie de façon somptueuse. Mais Jean-Baptiste n'en veut pas : il a la vocation du théâtre. En 1643, à l'âge de 21 ans, il choisit de rompre avec son milieu et de se faire comédien. Avec l'actrice Madeleine Béjart, il fonde alors la troupe de L'illustre-Théâtre, et prend sans doute dès cette époque le nom de scène de Molière. Après des déboires financiers qui lui valent la prison pour dettes, Molière comprend que sa troupe n'a pas une chance à Paris, et décide d'aller chercher un renom en province. C'est le début d'une longue tournée de près de douze années, que Molière met à profit pour mûrir et apprendre son métier d'acteur, d'auteur et de directeur de troupe. Après s'être illustrée à Lyon et dans le Languedoc, la troupe rencontre à Rouen Monsieur, frère du roi, qui lui accorde sa protection. Aidé par ce nom illustre, et fort de son expérience provinciale, Molière peut faire sa rentrée parisienne en octobre 1658.

La (capricieuse) protection royale

Aussitôt, la Troupe de Monsieur affronte le roi lui-même. Le 24 octobre 1658, elle joue devant  lui  le Nicomède de  Corneille : c'est un four. Mais Molière a le coup de génie de terminer la représentation, si mal commencée, par une farce de sa propre composition, "Le Docteur amoureux". Le talent comique de Molière l'emporte, et transforme miraculeusement l'échec en triomphe : Louis XIV donne à la Troupe de Monsieur la permission de jouer la comédie au théâtre du Petit-Bourbon. Suivent quinze années de création intense, au cours desquelles sont écrites les pièces qui ont forgé l'immortalité de Molière : Les Précieuses ridicules (1659), L'École des femmes (1662), Dom Juan (1665), Le Misanthrope (1666), Tartuffe (1667),Amphitryon et L'Avare (1668), Les Fourberies de Scapin (1671), Les Femmes savantes (1672). Trois années de lutte, de
1664 à 1667, contre de puissants ennemis (la cabale religieuse tente d'interdire sa comédie du Tartuffe) s'achèvent par le triomphe de Molière : en 1669, il est nommé pourvoyeur des divertissements royaux, et collabore jusqu'en 1671 avec le musicien Lulli aux somptueuses fêtes de Versailles. Il écrit à cette occasion plusieurs comédies-ballets, dont Le Bourgeois gentilhomme en 1670. La fin de sa vie est plus sombre, car le roi ne lui manifeste plus sa faveur. Écarté de Versailles, il trouve pourtant l'énergie de continuer de créer des pièces et de diriger sa troupe. En février 1673, il fait représenter la comédie-ballet du Malade imaginaire. Mais sa santé chancelle. Le 17 février, à la quatrième représentation, il est pris d'un malaise et transporté chez lui, meurt peu après.

Une règle : plaire

"C'est une étrange entreprise que celle de faire rire les honnêtes gens." Cette phrase de Dorante dans La Critique de l'École des femmes est peut-être la clé de l'æuvre moliéresque. Aujourd'hui, le réflexe est de considérer - et d'étudier - Molière comme un homme de lettres. Or, comme le rappelle le critique René Bray, "il est d'abord et il reste jusqu'au bout un comédien." (Molière, homme de théâtre, éditions Mercure de France.) Pour chaque représentation, il n'y a qu'un impératif, qu'une règle d'or : plaire à son public, réussir à le faire rire. C'est une simple question de survie financière... La préoccupation poétique, la création littéraire ne font pas partie des soucis quotidiens de Molière, parce qu'il n'en a pas le temps. Le plus souvent, il écrit ses pièces sur commande, est soumis à des échéances, commence les répétitions avant même d'avoir fini de rédiger : le Dom Juan, reconnu  aujourd'hui comme un grand chef-d'æuvre, fut improvisé dans l'hiver de 1664, pour faire face à l'interdiction du Tartuffe, et parce que le sujet revenait subitement à la mode.
On peut cependant trouver une source authentique de création  poétique, un "message" littéraire chez Molière, et ce, paradoxalement, dans le rire lui-même. Dans une scène célèbre du Misanhrope, Alceste se fait railler par son amante Célimène.
  Au lieu d'en prendre ombrage, il répond : "Les rieurs sont pour vous, Madame, c'est tout dire, / Et vous pouvez pousser contre moi la satire." Le jugement sans appel du rire (on ne rit pas à volonté) est érigé en valeur, en critère infaillible, qui permet, de façon détournée et quelque peu inattendue, d'atteindre le vrai. Le rire, c'est le vrai : personne ne l'a mieux compris sans doute que Louis XIV lui-même, qui prit un risque politique réel en protégeant Molière contre des ennemis pourtant redoutables.


http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/8/84/Armande_B%C3%A9jart.jpg/220px-Armande_B%C3%A9jart.jpg
 

Armande Béjart (1642-1700). fille - ou sæur ?- de Madeleine (1618. 1672), créa le rôle de Célimène. Elle épousa Molière en 1662. La légende veut que la trop grande différence  d'âge ait été difficile à supporter et fût à l'origine de la misogynie de Molière vieillissant.





CHRONOLOGIE DES OEUVRES

1655 L' Etourdi.
1656 Le Dépit amoureux.
1659 Les Précieuses ridicules.
1660 Sganarelleou le Cocu imaginaire.
1661 (février) Dom Garcie de Navarre.
(juin) L'Ecole des maris.
(août) Les Fâcheux.
1662 L' Ecole des femmes.
1663 La Critique de l' Ecole des femmes.
1664 (janvier) Le Mariage forcé.
(mai) La Princesse d' Elide.
Le Tartuffe (en trois actes).
1665 (février) Dom Juan.
(septembre) L'Amour médecin.
1666 (juin) Le Misanthrope.
(août) Le Médecin malgré lui.
1667 (février) Le Sicilien ou l'Amour peintre.
(août) LeTartuffe (en cinq actes).
1668 (février) Amphitryon.
(juillet) George Dandin.
(septembre) L'Avare.
1669 Monsieur de Pourceaugnac.
1670 (février) Les Amants magnifiques.
(octobre) Le Bourgeois gentilhomme.
1671 (janvier) Psyché.
(mai) Les Fourberies de Scapin.
(décembre) La Comtesse d'Escarbagnas.
1672 Les Femmes savantes.
1673 Le Malade imaginaire.



Notes



LE GÉNIE COMIQUE DE MOLIERE INCOMPRIS, un jugement sévère de son ami Boileau (Art poétique) :

"Étudiez la cour et connaissez la ville : / L'une et l'autre est toujours en modèles fertile. / C'est par là que Molière, illustrant ses écrits, / Peut-être de son art eût remporté le prix, / Si, moins ami du peuple, en ses doctes peintures, / Il  n'eût point fait souvent grimacer ses figures, / Quitté, pour le bouffon,  l'agréable et le fin, / Et, sans honte, à Térence allié Tabarin. / Dans ce sac ridicule où Scapin s'enveloppe, / Je ne reconnais plus l'auteur du Misanthrope.

" LA MORT DE MOLIERE, vue par René Bray (Molière, homme de théâtre, Mercure de France) :

"Voilà le triomphe de Molière ! (...) Il a fait son public. (...). La lutte a été sévère ; un tempérament s'y est usé ; mais le succès n'a pas manqué. La bouffonerie sanglante du 17 février 1673 prend une couleur symbolique : Molière meurt ; mais Argan s'assied sur un trône burlesque dans un consentement de rires épanouis."

LE MIRACLE DE MOLIERE, selon Kléber Haedens (Une Histoire de la littératurefrançaise. Sfelt) :

"Écoutez Molière. Il n'est pas un théâtre de France où sa voix ne s'élève encore, chaque soir, pour nous apporter l'émotion et le rire, une délivrance heureuse, un grand massacre de poncifs et de ridicules. Lorsque le rideau tombe et que Molière se retire, il se fait dans les âmes une minute de silence. (...) Son miracle a toujours lieu."



I) Le Misanthrope



Alceste, un jeune noble qui ne peut supporter l'hypocrisie mondaine, aime la superficielle et coquette Célimène à laquelle il finira par renoncer.

                      *************

"L'ennemi du genre humain"


Alceste rencontre son ami,le courtois Philinte, dans l'antichambre de Célimène et lui fait part de sa haine des   hommes, tous hypocrites, menteurs et fat. Il commence par se faire un ennemi d'Oronte, qui sollicitait un compliment. Mais voici Célimène, entourée d'une nuée d'admirateurs, petits marquis sots et enrubannés, qui se prête à tous et ne se donne à aucun. Son grand plaisir est de faire assaut d'esprit en médisant de son entourage. Au milieu de tous ces soupirants, Alceste enrage de ne pouvoir obtenir une préférence. Mais cette jeune femme à la mode a une position fragile : ses ennemis jaloux, comme la prude  Arsinoé, rêvent de l'abattre. Ses prétendants exigent qu'ell se prononce en faveur de l'un d'eux. On découvre alors qu'elle a fait des promesses à chacun ; tous la quittent indignés. Alceste alors lui propose une retraite à deux ; Célimène hésite, refuse ; il finira seul.

Une satire de la société

Cette comédie présentée en 1666 a déconcerté un public habitué à entendre de Molière un franc comique plein de bouffonneries et de personnages mécaniques. Il semble qu'il se soit moins inspiré d'æuvres antérieures que de sa propre vie : son irritation des mæurs de la Cour, creuses, hypocrites et tapageuses, ont donné à un contemporain, Donneau de Visé, l'idée qu'on pouvait mettre des noms réels sur certains personnages ; dans ses démêlés amoureux et maritaux avec sa jeune et trop légère épouse Armande Béjart, Molière se serait pris pour modèle d'Alceste lui-même.
Que l'on juge, suivant les critères classiques, ce personnage grotesque dans ses emportements exagérés, incohérent avec lui-même dans sa passion pour une femme qui ne lui convient pas et, somme toute comique d'outrepasser la loi du juste milieu, ou qu'on l'interprète, dans un esprit plus moderne, comme la victoire tragique d'un noble idéal d'absolu, on trouvera toujours dans cet Alceste complexe, un aliment à la réflexion sur l'homme en société.


Extraits :

PHlLINTE
Vous voulez un grand mal à la nature humain !
ALCESTE
Oui,j' ai conçu pour elle une effroyable haine.
PHlLlNTE
Tous les pauvres mortels, sans nulle exception,
seront enveloppés dans cette aversion ?
Encore en est-il bien, dans le siècle où nous sommes ...
ALCESTE

Non, elle est générale, et je hais tous les hommes :
Les uns parce qu' ils sont méchants et malfaisants
Et les autres pour être aux méchants complaisants
Et n' avoir pas pour eux ces haines vigoureuses
Que doit donner le vice aux âmes vertueuses. (...)
(Acte 1, scène 1)

                                   ***
ALCESTE
(...) Vous avez trop d' amants qu' on voit vous obséder
Et mon cæur de cela ne peut s' accommoder.
CÉLIMENE
Des amants que je fais me rendez-vous coupable ?
Puis-je empêcher les gens de me trouver aimable ?
Et, lorsque pour me voir ils font de doux efforts,
Dois-je prendre un bâton pour les mettre dehors ?
ALCESTE
Non, ce n'est pas, Madame, un bâton qu'il faut prendre,
Mais un cæur à leur væux moins facile et moins tendre.
Je sais que vos appas vous suivent en tous lieux ;
Mais votre accueil retient ceux qu'attirent vos yeux,
Et sa douceur, offerte à qui vous rend les armes,
Achève sur les cæurs l'ouvrage de vos charmes.
Le trop riant espoir que vous leur présentez
Attache autour de vous leurs
assiduités ;
Et votre complaisance, un peu moins étendue,
De tant de soupirants chasserait la cohue.
(Acte n, scène 1)


  ALCESTE
Oui,je veux bien, perfide, oublier vosforfaits ;
J' en saurai, dans mon âme, excuser tous les traits, (...)
Pourvu que votre cæur veuille donner les mains
Au dessein queje fais de fuir tous les humains,
Et que dans mon désert, oùj' ai fait væu de vivre
Vous soyez, sans tarder, résolue à me suivre (...)
CÉLIMENE
Moi renoncer au monde avant que de vieillir,
Et dans votre désert aller m' ensevelir ? (...)

ALCESTE
Oui,je veux bien, perfide, oublier vosforfaits ;
J' en saurai, dans mon âme, excuser tous les traits, (...)
Pourvu que votre cæur veuille donner les mains
Au dessein que je fais de fuir tous les humains,
Et que dans mon désert, où j' ai fait væu de vivre
Vous soyez, sans tarder, résolue à me suivre (...)
CÉLIMENE
Moi renoncer au monde avant que de vieillir,
Et dans votre désert aller m' ensevelir ? (...)

(Acte V, scène 7)

Notes


Les interprétations de cette pièce ont été nombreuses mais ont souvent tendu à mettre en lumière l'aspect
sérieux et même tragique de cette comédie. Un des premiers, Rousseau a pris la défense d' Alceste, pour démontrer les effets pernicieux du théâtre. "Qu'est-ce donc que le Misanthrope de Molière ? Un homme de bien qui déteste les moeurs de son sièc1e et la méchanceté de ses contemporains, qui précisément parce qu'il aime ses semblables hait en eux les maux qu'ils se font réciproquement et les vices dont ces maux sont l'ouvrage. (...) "Cependant ce caractère si vertueux est présenté comme ridicule." -

Rousseau, lettre à d' Alembert sur les spectac1es, 1758

"J' admirai quel amour pour l' âpre vérité / Eut cet homme si fier en sa naïveté, / Quel grand et vrai savoir des choses de ce monde, / Quelle mâle gaieté si triste et si profonde / Que, lorsqu' on vient d' en rire, on devrait en pleurer !" 

Musset, Une soirée perdue, 1840

Mais d'autres critiques ont insisté sur les défauts du personnage : "Il est brusque et chagrin, trop vite blessé, un peu sombre (...). Pourquoi le nier ? Il y a, à ce caractère, un envers fâcheux. Alceste a l'esprit contrariant. Il penserait se manquer à soi-même s'i! se rangeait à l'avis de quelqu'un."

Antoine Adam, Histoire de la littérature française au XVII siècle, 1952


II) Les Fourberies de Scapin


Scapin grand farceur, joue des tours pendables à deux vieux pères pour qu'ils aceptent les projets de mariage de leur fils.

Scapin doit beaucoup au type du <<zallni >> italien type de serviteur malin, parfois un peu idiot, de la commedia dell' arte, et plus particulièrement de la comédie vénitienne. 0n se souviendra que Molière a été l'élève de Tiberio Fiorilli, dit Scaramouche (1608-/696), qui dirigeait à l' époque la troupe des Italiens.

Deux amours contrariées


Argante, père d'Octave, veut casser le mariage de celui-ci avec une certaine Hyacinthe, fille pauvre et sans nom. Géronte, père de Léandre, refuse quant à lui le projet de mariage de son fils avec Zerbinette, qui est depuis sa tendre enfance aux mains d'Égyptiens, et dont il faut racheter la liberté. Ces amours contrariées incitent les deux fils à demander l' aide de Scapin. Déployant toute son habileté, celui-ci va tenter de renverser la situation en leur faveur et de gagner sur les deux tableaux. Valet de Léandre, il bénéficie de l'aide de Silvestre, qui est au service d'Octave. Par la ruse et la menace, ils parviennent à soutirer aux deux pères l' argent nécessaire pour la libération de Zerbinette, en faisant notamnment croire à Géronte que son fils est détenu sur une galère turque, d'où l'inoubliable réplique de l'acte II  <<Que diable allait-il faire dans cette galère ? >> Puis Scapin, en son <<honneur >> blessé, se venge de Géronte au cours de la célèbre scène où il l'enferme dans un sac et le roue de coups. De <<fourberies >> en roueries, la farce suit son cours jusqu'au coup de théâtre final : Argante et Géronte s' avèrent être les pères de Zerbinette et de Hyacinthe. Scapin fait semblant d'agoniser pour échapper à la vengeance des vieillards, qui, pleins d'émotion, lui pardonnent.

Un héros de la commedia dell'arte

Les Fourberies de Scapin (1671) est l'une des dernières pièces de Molière, qui revient ainsi au genre de la farce qu'il avait pratiqué au début de sa carrière. C'est une æuvre admirable de maturité et de maîtrise, dans laquelle Molière intègre son  expérience des comédies de caractères au rythme échevelé et aux coups de théâtre propres à la commedia dell'arte. Scapin est ainsi le digne héritier du <<zanni >> italien. Argante et Géronte, quant à eux, sont de vrais  <<caractères >> et leur opposition au mariage de leurs fils sert de prétexte à Molière pour déployer toute sa science comique.


Extrait


Scapin, afin d'obtenir de l'argent, fait croire à Géronte
que son fils est détenu par un Turc sur une galère

GÉRONTE. -Il faut, Scapin, il faut que tu fasses ici l'action d'un serviteur fidèle.
SCAPIN.- Quoi, Monsieur ?
GÉRONTE.- Que tu ailles dire à ce Turc qu'il me renvoie mon fils, et que tu te mettes à sa place jusqu 'à ce que j'aie amassé la somme qu'il demande.
SCAPIN.- Eh ! Monsieur, songez-vous à ce que vous dites ? Et vous figurez-vous que ce Turc ait si peu de sens que d' aller recevoir un misérable comme moi à la place de votre fils ?
GÉRONTE. - Que diable allait-il faire dans cette galère ?
SCAPIN.-Il  ne devinait pas ce malheur. Songez. Monsieur, qu'il ne m'a donné que deux heures.
GÉRONTE. - Tu dis qu'il demande...
SCAPIN.- Cinq cents écus.
GÉRONTE. - Cinq cents écus ! N'a-t-il point de conscience ?
SCAPIN.- Vraiment oui, de la conscience à un Turc !
GÉRONTE. - Sait-il ce que c'est que cinq cents écus ?
SCAPIN.- Oui, Monsieur, il sait que c'est mille cinq cents livres.
GÉRONTE.- Croit-il, le traître, que mille cinq cents livres se trouvent dans le pas d'un cheval ?
SCAPIN.- Ce sont des gens qui n' entendent point de raison.
GÉRONTE. - Mais que diable allait-il faire à cette galère ?
SCAPIN.-Il  est vrai ..mais quoi ! on ne prévoyait pas les choses. De grâce, Monsieur, dépêchez.
GÉRONTE. - Tiens, voilà la clef de mon armoire.
                            
                                ***

Scapin se venge de l'avarice de Géronte. Il le fait entrer dans un sac, prétextant qu'une troupe de soldats est à leur poursuite. En réalité, il contrefait tous les soldats et lui donne des coups de bâtons à travers le sac.

GÉRONTE  sortant la tête du sac. - Ah !je suis roué !
SCAPIN- Ah! Je suis mort.
GÉRONT-  Et. pourquoi diantre faut-il qu'ils frappent sur mon dos ?
SCAPINl   lui remettant la tête dans le sac. - Prenez garde, voici une demi-douzaine de soldats tout ensemble. (il contrefait plusieurs personnes ensemble.) <<Allons, tâchons à trouver ce Géronte, cherchons partout. N'épargnons point nos pas. Courons toute la ville. N'oublions aucun lieu. Visitons tout.
Furetons de tous les côtés. Par où irons-nous ? Tournons par là. Non, par ici. A gauche. A droite. Nenni. Sifait. >>(A Géronte avec sa voix ordinaire.) Cachez-vous bien. (( Ah !camarades, voici son valet. Allons, coquin, il faut que tu nous enseignes où est ton maître. - Eh ! Messieurs, ne me maltraitez point. - Allons, dis-nous où il est. Parle. Hâte-toi. Expédions. Dépêche vite. Tôt. - Eh ! Messieurs, doucement. (Géronte met
doucement la tête hors du sac et aperçoit la fourberie de Scapin.)



Notes


"La farce moliéresque est une heureuse  combinaison de convention et d'observation. L'observation se glisse dans les détails, la convention domine les situations et les caractères. L'unité est assurée par Scapin, le meneur de jeu. "

René Bray, æuvres complètes de Molière, présentation, Les Belles-Lettres, 1950

Conventionnel, assurément Scapin l' est. (...) D'autres valets et d'autres fourbes ont enrichi le personnage, mais aussi la fantaisie du poète. L'esquisse est cette fois extraordinairement précisée, même dans la convention. Le goût de l'aventure, l' ardeur dans l' intrigue, le courage (...) la souplesse surtout et l'infinie diversité attestent la présence de multiples traditions, et pourtant le valet est lui-même, Scapin, type vivant et inoubliable. La farce ici touche au grand art. Le mouvement y contribue. Le comique y est moins constant que dans Le Médecin malgré lui, le sujet est plus artificiel que celui de Georges Dandin ; mais l'élan imprimé à la pièce dès le début et soutenu sans défaillance jusqu'à l'apothéose du fourbe donne à Scapin une force vraiment extraordinaire. Si le théâtre est avant tout action, c'est là du théâtre pur.
                                                     
                                                                               


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commentaires

L
<br /> Une pièce qui vaut le coup d'être découverte, ce serait vraiment dommage de passer à côté :)<br /> Je viens d'ailleurs de poster ma critique sur "Les Fourberies de Scapin" de Molière sur mon blog...<br /> <br /> Joli article, je reviendrais ;)<br /> Bonne continuation !!<br /> <br /> <br />
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  • : Bonjour à tous.... Une approche de certains écrivains ; vie, œuvres, extraits. A l'attention de la personne "ANONYME" qui se reconnaîtra.... : je n'ai jamais voulu m'approprier ce travail, j'ai noté dans ma page d'accueil les sources :Ce blog sans prétention aucune a été crée à partir de fiches -collection Atlas - et d'ouvrages - collection Lagarde et Michard et collection Nathan "Grands écrivains du Monde", -
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Divers personnages....


DANTE


                                                                                                      Béatrice Portinari









Dante par Giotto








Première page de la Divine Comédie













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SOPHOCLE



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                                                                                                       Antigone




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Philotecte abandonné par les Grecs







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Sophocle  Bas relief en marbre









Sophocle




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Pythagore



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Le Banquet manuscrit sur papyrus.






Platon par Raphaël





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ARISTOTE





Aristote par Raphaël




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Aristote sur une fresque murale à Rome




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Alexandre à une bataille






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Alexandre combattant un lion







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Bronze - Alexandre









Buste d'Alexandre le Grand







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Alexandre et Aristote





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Enluminure "Chanson de Roland"










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Mort de Roland à Ronceveaux
















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Charlemagne et le Pape Adrien I






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Charlemagne et son fils Louis le Pieux






RUTEBOEUF

                            



http://t0.gstatic.com/images?q=tbn:CSPIsFWD7EZ5VM:http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/5/5f/Jean_de_Joinville.jpg






Ruteboeuf par Clément Marot

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