1918 - 2008
Lorsque, en 1962, la revue moscovite <<Novy Mir >> publie un récit intitulé "Une journée d'Ivan Denissovitch", le nom de son auteur, Alexandre Issaievitch Soljenitsyne, est totalement inconnu. Le récit soulève l'enthousiasme et la stupeur, il est traduit à l'étranger, où il reçoit également un accueil chaleureux. A cent ans de distance, venant du même pays, et sur le même sujet, on retrouve l'émotion soulevée par les "Souvenirs de la maison des mort" de Dostoievski - http://fr.wikipedia.org/wiki/Souvenirs_de_la_maison_des_morts
Le texte révèle un véritable écrivain, à la langue originale et très pure, dont le récit est rigoureusement construit. Et c'est la première fois, depuis les révélations du rapport Khrouchtchev en 1956*, qu'une revue soviétique publie officiellement un témoignage sur les camps de concentration. L'homme dont l'histoire est racontée n'est ni un opposant, ni un <<ennemi du peuple >> : son seul crime est d'avoir été fait prisonnier par les Allemands au début de la guerre, puis d'être rentré chez lui après l'armistice de 1945. Un cas banal, en somme, celui de milliers d'autres hommes, mais qui ouvre des horizons sur la population des camps soviétiques.
A partir de ce moment, le nom et la personnalité de Soljenitsyne ne cesseront plus d'occuper une place dans I'actualité. Il devient impossible de l'ignorer, de faire abstraction de son oeuvre, et plus rien ne pourra empêcher sa voix de s'élever, même lorsque les fluctuations de la politique auront rendu l'écho rencontré par cette voix tout à fait indésirable. La plupart des oeuvres de Soljenitsyne vont être publiées hors de l'U.R.S.S., mais même ceux de ses livres qui y seront interdits circuleront clandestinement, suscitant des discussions passionnées.
* http://perspective.usherbrooke.ca/bilan/servlet/BMDictionnaire?iddictionnaire=1412
Une vie de combats
Soljenitsyne est né à Kislovodsk (Caucase), le 11 décembre 1918. Il passe sa jeunesse à Rostov-sur-le-Don, où il fait des études de mathématiques et de physique, avant d'être mobilisé en octobre 1941. Simple soldat dans I'infanterie, il est envoyé dans une école d'artillerie, d'où il sort chef de batterie, en 1942. Il passe le reste de la guerre sur le front. Décoré deux fois, promu capitaine, il est arrêté en février 1945, devant Koenigsberg, en pleine bataille, pour avoir critiqué Staline dans des lettres à un ami.
Incarcéré à Moscou, Soljenitsyne est condamné à huit ans de camp. Il passe la première année sur des chantiers de construction à Moscou. En 1946, il est transféré dans une prison spéciale, Ia
<<charachka >> de Marfino, aux environs de Moscou. Des détenus ayant une formation scientifique y sont chargés de recherches <<d'un niveau si élevé que tout homme de science en liberté aurait pu être fier d'y collaborer>>, comme le dira plus tard Soljenitsyne.
Le régime est beaucoup moins dur que dans les camps, la nourriture suffisante, les détenus forment une communauté homogène d'hommes d'une exceptionnelle qualité intellectuelle et humaine. C'est l'îlot privilégié au milieu de l'Archipel du Goulag, décrit dans le roman <<Le Premier cercle>>. Pourtant, Soljenitsyne le quitte presque volontairement : il refuse un travail dont le résultat serait utilisé par le NKVD - police secrète soviétique - contre des suspects, sachant très bien que son refus signifie le renvoi dans un camp de travail.
Effectivement, en mai 1950, Soljenitsyne est transféré au camp d'Ekibastouz, au Kazakhstan occidental. C'est le camp d'lvan Denissovitch. Soljenitsyne y est opéré d'une tumeur cancéreuse, et renvoyé au travail sans avoir été averti de la nature de son mal.
En février 1953, deux mois après I'expiration légale de sa peine, Soljenitsyne est libéré, mais condamné à la relégation perpétuelle, au Kazakhstan, dans la région du lac Balkhach. Il s'installe dans un village kazak, où il trouve un poste de professeur de mathématiques. En 1955, de nouveau malade, il obtient d'être hospitalisé, à moitié mourant, à Tachkent. Malgré le pessimisme des médecins, il se remet. L'expérience de l'hôpital lui inspirera <<Le Pavillon des cancéreux>>, en 1963.
En 1956, il obtient l'annulation de la condamnation à la relégation et quitte le Kazakhstan. Il s'installe à Riazan, où il continue à enseigner. En février 1957, la Cour suprême d'U.R.S.S. prononce le jugement le réhabilitant.
Au camp, à la charachka, Soljenitsyne avait composé des poèmes, des récits, qu'il apprenait par coeur lorsqu'il ne pouvait les écrire. A Marfino, où il avait pu écrire, il avait dû brûler ses manuscrits avant de partir. Après sa libération, il écrit <<Le Premier cercle>>, et commence à réunir des documents sur les camps. Dès 1957, il rédige les premiers chapitres de ce qui sera << L'Archipel du Goulag>>.
En 1959, il écrit <<Ivan Denissovitch>>, mais c'est seulement en 1961 qu'il l'envoie à Alexandre Tvardovski, directeur de "Novy Mir". Celui-ci, bouleversé par ce texte, se bat pendant des mois pour obtenir l'autorisation de le publier.
Après le succès d' <<Ivan Denissovitch>>, Soljenitsyne espère voir paraître <<Le Premier cercle>>, mais en 1963 déjà la critique n'est plus unanime sur les nouvelles publiées par "Novy Mir". A partir de 1964, surtout après la chute de Khrouchtchev, qui marque un durcissement de la censure littéraire et un tournant dans la politique intérieure de l'U.R.S.S., Soljenitsyne sera en butte à l'hostilité de la critique officielle et d'une partie des membres de I'Union des Écrivains. Le K.G.B.- service de renseignements de l'Union soviétique - le surveille, saisit des manuscrits de lui chez un de ses amis et s'en sert pour le discréditer, notamment d'une pièce, composée au camp, qu'il a reniée par la suite, <<Le Banquet des vainqueurs>>.
L'Union des Écrivains s'oppose à la publication du <<Pavillon des cancéreux>>, et, en 1969, elle exclut Soljenitsyne, sans qu'il ait pu se défendre.
Soljenitsyne entreprend une grande fresque, dont la première partie, <<Août 14>>, très sérieusement documentée, décrit la défaite des armées russes à Tannenberg. Cette bataille marque, dans l'esprit de Soljenitsyne, le début de l'effondrement du régime tsariste. Il se propose d'illustrer ainsi les origines de l'Union soviétique, jusqu'à la Révolution d'octobre. La suite paraîtra en 1976, avec <<Lénine à Zurich>>.
En 1970, le prix Nobel de littérature est attribué à Soljenitsyne, qui ne peut aller le recevoir à Stockholm. Dans <<Le Chêne et le veau>>, rédigé à la même époque, il explique les conditions extrêmement difficiles dans lesquelles il écrit, et ses démêlés avec les autorités et la censure. Ce livre, qui est un complément indispensable à la lecture de son oeuvre, ne paraîtra qu'en 1975, à Paris. En 1973, le K.G.B. saisit une copie de <<L' Archipel du Goulag>>, chez une amie de Soljenitsyne, qui, désespérée, le prévient avant de se suicider. Pour que le K.G.B. ne puisse dénaturer son texte, Soljenitsyne décide de faire immédiatement publier à l'Ouest la copie qu'il a clandestinement fait passer en Suisse. Le premier volume paraît en russe, à Paris, en janvier 1974. Quelques semaines plus tard, Soljenitsyne, qui refuse fermement d'émigrer, est arrêté, incarcéré à Moscou et expulsé d'U.R.S.S. Il obtient que sa femme et ses enfants puissent le rejoindre avec ses archives. Il s'installe en Suisse. Il publie <<Des voix sous les décombres>>, recueil de textes d'opposants soviétiques, dont il a réussi à faire sortir les manuscrits d'U.R.S.S. Les deux derniers tomes de <<L'Archipel du Goulag>> paraissent en 1975 et 1976. Avec d'autres émigrés soviétiques, dont Siniavski, Soljenitsyne fonde la revue "Continent". Il voyage, en Europe et aux États-Unis. Ses discours soulèvent des réactions passionnées, chaleureuses ou hostiles.
L'ARCHIPEL DU GOULAG
Hanté par l' ampleur du drame qu'iI avait découvert, Soljenitsyne a voulu en retracer la genése, s'en faire I'historien, au-delà du témoignage individuel que constituaient <<Ivan Denisssovtich>> et <<Le Premier cercle>>.
Son idée première était la réalisation d'une oeuvre collective, où les survivants auraient pris la parole avec lui. Finalement, aucun d' eux ne voulut, ou ne put s' associer à la rédaction. Soljenitsyne le regrette, à la fin de I'ouvrage. Pourtant, iI semble au lecteur que les témoins ont été sages de laisser à Soljenitsyne la responsabilité de I'édification finale de I'oeuvre. Car iI s'agit réellement d'une somme née de la volonté d'un homme et qui porte sa marque. Il est certain que Soljenitsyne n' aurait pu la mener seul, mais iI est non moins sûr qu'une rédaction multiple lui aurait enlevé son extraordinaire unité, d' autant plus extraordinaire que son auteur ne put jamais en avoir le manuscrit complet sous les yeux, Car cette monumentale fresque de l' univers concentrationnaire soviétique est beaucoup plus que la seule histoire d'un système répressif.
C'est, en fait le demi-siècle d'existence de I'Union soviétique qui est mis à nu dans ces trois volumes. La législation de I'U.R.S.S. est exposée avec ses modifications, ses contradictions, ses revirements brutaux. De 1918 à nos jours, toute I'histoire soviétique se déroule, avec ses ambitions, ses réalisations, le prix exorbitant payé à I'industrialisation, à la collectivisation, à la reconstruction. Soljenitsyne démonte le mécanisme du Goulag : entretenir la terreur et obtenir le maximum de travail aux moindres frais. Sans avoir eu accès aux travaux publiés sur le sujet à I'Ouest longtemps auparavant. Soljenitsyne est allé beaucoup plus loin dans l' analyse du phénomène concentrationnaire soviétique, que personne n'avait démonté d'une manière aussi objective. A la fois exposé historique, rapport, étude sociologique et même ethnographique, mais aussi témoignage brut et création littéraire,<< l'Archipel du Goulag>> échappe à toute classification. Son originalité tient à la fusion totale que l' auteur accomplit entre tous ces genres disparates.
Il embrasse toute la vie de l' Archipel, avec ses différentes couches de population, ses " ères" historiques et géologiques. Dans le foisonnement des histoires individuelles et des tragédies collectives, domine la tenace volonté d'un homme qui parle pour les plus déshérités : un rescapé qui, en demandant justice pour le passé, plaide pour l' avenir.
Le héros de l'oeuvre : le peuple russe
Dès ses années d'université, Soljenitsyne avait commencé à écrire, mais sans être publié. Il a dit, dans <<Le Chêne et le veau>>, qu'à l'époque, sa préoccupation majeure était de trouver des thèmes sur lesquels écrire, mais qu'après un an de camp, il en avait plus qu'il n'en pouvait utiliser. Et, effectivement, l'écrivain Soljenitsyne est né au camp. Mais c'est en exil, au Kazakhstan, que commence vraiment son oeuvre, et il s'agit d'emblée d'un grand roman, <<Le Premier cercle>>, foisonnant de personnages, qui révèle un écrivain en pleine possession de ses moyens.
A première vue, on pourrait penser que l'oeuvre de Soljenitsyne se divise en deux parts : l'oeuvre romanesque et l' oeuvre de témoignage. En réalité, cette distinction serait arbitraire : toute son oeuvre n'a qu'un seul sujet, qu'une seule préoccupation : le peuple russe et son histoire.
Le peuple russe, Soljenitsyne ne l'a découvert ni à l'université, ni dans les livres, mais à l'armée, et surtout dans les prisons et les camps. On pense au mot de Dostoïevski sortant du bagne : << J'ai appris à connaître sinon la Russie, du moins son peuple, à le connaître bien, comme peu le connaissent peut-être. >>
Pour comprendre l'oeuvre de Soljenitsyne et saisir sa portée, il faut avoir présente à l'esprit cette réalité : la tragédie vécue par le peuple russe et les millions d'êtres sacrifìés dans le Goulag. Dans une interview de 1968, Soljenitsyne disait : "Je sais que la chose la plus simple est encore d'écrire sur soi-même, mais j'ai cru qu'il était plus important et de plus d'intérêt de décrire la destinée même de la Russie. De toutes les tragédies qu'elle a endurées, la plus profonde fut celle des Ivan Denissovitch".
Le monde de la prison et du camp est un monde renversé, où plus aucune des valeurs du monde normal n'a cours : il est construit sur le mensonge, la délation, la cruauté. La légalité n'y est plus qu'une fìction. Contre cet univers de violence et de haine, Soljenitsyne a voulu dresser la seule défense possible : la vérité.
Il ne lui suffisait pas de témoigner pour lui-même, il lui fallait parler pour les millions de morts silencieux. Le devoir de l'écrivain, dont il a une très haute conception, lui impose de remonter jusqu'aux sources du drame et de refuser de se taire. Son oeuvre est une revendication passionnée de l'autonomie de la conscience contre le pouvoir établi, la revendication de la vérité pour tous. Soljenitsyne refuse que la réalité concrète de l'homme vivant soit sacrifìée à une idée abstraite - celle de la stratégie militaire en 1914, comme celle d'une société future toujours à venir pour la Révolution.
Il meurt à son domicile moscovite à 89 ans dans la nuit du 3 au 4 août 2008 d'une insuffisance cardiaque aiguë.
Soljenitsyne - Pivot 9 décembre 1983
EXTRAITS
Le Pavillon des cancéreux
Hospitalisé pour une tumeur cancéreuse, Kostoglotov, un ancien détenu, demande à une jeune interne, Zoé, de lui prêter un livre d' anatomie pathologique. Elle commence par refuser : << C' est contre indiqué>>.
- C'est peut-être contre-indiqué pour certains, mais pas pour moi ! dit Kostoglotov en frappant la table de sa grosse patte. J'ai connu dans ma vie toutes les peurs possibles et inimaginables, et j'ai cessé d'avoir peur. Dans l'hôpital régional où j'étais, un chirurgien coréen, celui qui avait établi mon diagnostic [...] ne voulait rien m'expliquer non plus, et moi je lui ai ordonné de parler [...] Alors il a fini par lâcher : <<Vous avez trois semaines devant vous, ensuite je ne me prononce pas ! >>
- Il n'en avait pas le droit !
- Voilà quelqu'un de bien ! Voilà un homme ! Je lui ai serré la main. Je dois savoir ! Enfin, cela faisait six mois que je souffrais comme un martyr, à ne plus pouvoir rester ni couché, ni assis, ni debout sans avoir mal, je ne dormais plus que quelques minutes par vingt-quatre heures, eh bien, tout de même, j'avais eu le temps de réfléchir ! Cet automne-là, j'ai appris que l'homme peut franchir le trait qui sépare de la mort tout en restant dans un corps encore vivant. Il y a encore en vous, quelque part, du sang qui coule mais psychologiquement, vous êtes déjà passé par la préparation qui précède la mort, et vous avez déjà vécu la mort elle-même. Tout ce que vous voyez autour de vous, vous le voyez déjà comme depuis Ia tombe, sans passion, et vous avez beau ne pas vous mettre au nombre des chrétiens, et même parfois vous situer à l'opposé, voilà que vous vous apercevez tout à coup que vous avez bel et bien pardonné à tous ceux qui vous avaient offensé et que vous n'avez plus de haine pour ceux qui vous ont persécuté. Tout vous est devenu égal, voilà tout ; il n'y a plus en vous d'élan pour réparer quoi que ce soit ; vous n'avez aucun regret. Je dirai même que l'on est dans un état d'équilibre, un état naturel, comme les arbres, comme les pierres. Maintenant, on m'a tiré de cet état, mais je ne sais pas si je dois m'en réjouir ou non. Toutes les passions vont revenir, les mauvaises comme les bonnes.
Le Pavillon des cancéreux
trad. A. et M. AUCOUTURIER,L. et G. NIVAT
(Julliard)
L'Archipel du Goulag
Au camp d'Ekibastouz, en janvier 1952, les détenus ont entrepris une grève de la faim et du travail.
Et nous nous couchons, épargnant nos forces [...] Il nous reste assez de besogne : réfléchir : Depuis longtemps dans la baraque, les dernières miettes sont achevées. Plus personne ne fait plus rien cuire, plus personne n'a rien à partager. Dans le silence et l'immobilité générale, on n'entend plus que les voix des jeunes guetteurs collés aux fenêtres : ils nous font part de tous les déplacements qui se produisent dans la zone. Nous admirons cette jeunesse de vingt ans, son élan famélique, lumineux, sa résolution qui lui dicte de mourir au seuil d'une vie non encore commencée, plutôt que de capituler. Nous les envions, la vérité n'a pénétré dans nos têtes que tardivement, nos vertèbres dorsales déjà s'engourdissent le long de nos échines courbées.
Et soudain, juste avant la soirée du troisième jour [...] nos guetteurs s'écrient : <<La 9 !... La 9 capitule !... La 9 va au réfectoire !>>
Nous bondissons [...] nous contemplons, fìgés, ce triste cortège. Deux cent cinquante silhouettes [...] se traînent à travers la zone, longue fìle docile et humiliée. Je sens que je pleure. Essuyant mes larmes, je jette un coup d'oeil en coin : mes camarades en font autant. L'avis de la 9 est décisif. C'est chez eux, le quatrième jour déjà, depuis la soirée de mardi, que gisent les morts.
Ils vont au réfectoire, du même coup il se trouve qu'ils ont décidé de pardonner aux assassins pour une briquette et du gruau.
La 9 est une baraque famélique. Entièrement occupée par des brigades de manoeuvres, presque personne n'y reçoit de colis. Elle contient beaucoup de crevards.
Si ça se trouve, ils ont capitulé pour ne pas augmenter le nombre des crevards. Quittant les fenêtres, nous nous dispersons en silence.
C'est à ce moment-là que j'ai compris ce qu'est la fìerté polonaise et quelle fut l'essence de leurs insurrections désintéressées. Ce même ingénieur polonais, Jerzy Wiengierski, faisait partie à présent de notre brigade. Il achevait de purger sa dixième et dernière année. [...] Avec colère, mépris, souffrance, il détourne la tête du spectacle de ce cortège de mendiants, se redresse et crie d'une voix sonore et méchante : << Brigadier ! Ne me réveillez pas pour le dîner ! Je n'irai pas ! >>.
Il grimpe en haut de son wagonnet, se tourne contre le mur, et ne se lève pas. Nous allons manger dans la nuit, lui ne se lève pas. Il ne reçoit pas de colis, il est seul, il ne mange jamais à sa faim, et il ne se lève pas. La vue d'un gruau fumant ne saurait lui masquer l'immatérielle Liberté !
Si nous avions tous été aussi fìers et aussi fermes, quel tyran aurait tenu ?
L' Archipel du Goulag, T. III