1843 - 1920
Pérez Galdòs reste l'un des plus grands romanciers espagnols, grâce notamment aux quarante-six volumes des "Episodes nationaux", qui ont fait dire de lui qu'il fut le "Balzac de l'Espagne".
Les débuts
Dixième enfant d'une famille bourgeoise, Bénito Pérz Galdòs naquit à Las Palmas (Canaries) le 10 mai 1843. Il grandit dans un monde familial clos, où régnait une ambiance essentiellement féminine : mère, soeurs, institutrices privées. Les troubles politiques qui agitaient alors l'Espagne n'avaient qu'un faible écho sur les îles, mais la famille du jeune Bénito devait en subir les conséquences, puisque le père, Sébastian Pérez Macias, militaire de carrière, fut destitué de son poste de commandement de la citadelle l'année même de la naissance du futur écrivain.
Après sept ans passés au collège de sa ville natale, Pérez Galdòs fut envoyé à Madrid et inscrit à la faculté de droit (1862). Il y étudia consciencieusement, mais sans enthousiasme. La ville est alors en pleine effervescence, sous l'effet de réformes économiques et de luttes politiques ; la dynastie régnante, celle des Bourbons, vacille. Pérez Galdòs est partisan des idées libérales. Il fréquente les cafés, les spectacles, en particulier les "Zarzuelas", genre typiquement espagnol d'opéra comique entrecoupé de dialogues, dont les personnages populaires se retrouveront plus tard dans son oeuvre.
De cette époque datent ses premiers essais d'écriture, non aboutis. A partir de 1864, il se lance dans le journalisme et publie des critiques de spectacles et des chroniques. Deux voyages en France (1867 - 1868) sont l'occasion de lire les grands auteurs contemporains français, notamment Balzac ; découverte importante, car on peut penser que "La Comédie humaine" fera germer dans son esprit l'idées des "Episodes nationaux". Son premier ouvrage, "La Fontaine d'or" (1870), roman historique teinté de romantisme, leur servira d'introduction.
"Les Episodes nationaux"
Pérez Galdòs accorde une importance primordiale à l'Histoire, reflet de la vie d'une société. Il conçoit un vaste projet : retracer, dans une suite romanesque, l'histoire politique et sociale de l'Espagne contemporaine. "Les Episodes nationaux" sont une fresque de 46 volumes divisée en cinq séries, dont la publication s'echellonne de 1873 à 1912, et qui couvre la période allant de la bataille de Trafalgar* (1805) à la Restauration de 1874 (retour des Bourbons chassés du trône par la Révolution de 1868).
http://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_Trafalgar
Pérez Galdòs y utilise la technique du retour des personnages, quoique d'une manière moins systématique que Balzac. Narrateur avant tout, il attache moins d'importance à la psychologie que l'auteur de "La Comédie humaine". Le destin des personnages, réels ou fictifs, sert de trame narrative pour illustrer l'histoire du peuple espagnol au cours d'une période marquée par les affrontements idéologiques. Un ton épique et un accent patriotique assurèrent d'emblée un grand succès à ces "Episodes", remarquables aussi par la peinture lucide des classes moyennes de la société madrilène.
L'écrivain engagé
Parallèlement, Pérez Galdòs fait paraître une trentaine de romans réalistes où il restitue l'atmosphère des milieux bourgeois et populaires de l'époque : "Doña Perfecta" (1876), roman à thèse traitant de l'intolérance et du fanatisme religieux, "Marianela" (1878) , roman d'amour, "La Déshéritée" (1881), peinture de l'ambition et de la cupidité. Son ouvrage le plus célèbre est "Fortuna et Jacinta (1887), roman fleuve dont le héros est partagé entre sa femme, issue de la bourgeoisie, et une fille du peuple, à la fois drame de la jalousie et description contrastée de milieux sociaux inconciliables. D'autres livres marquants suivront : "Miau" (1887), portrait d'un fonctionnaire réduit au chômage et acculé au suicide, "Angel Guerra" (1891-1892), roman du renoncement, etc...
Cette activité littéraire débordante n'empêche pas Pérez Galdòs d'entreprendre de nombreux voyages à travers l'Europe (1889-1895). Ecrivain célèbre, connu pour ses opinions libérales, il est élu aux Cortes (Parlement) en 1886, un peu malgrè lui, semblet-il. Il accomplira scrupuleusement sa tâche de député, mais ne briguera pas la réelection à la fin de son mandat (1891). A cette époque, il obtient de grands succès en adaptant à la scène certains de ses romans.
A la fin de sa carrière, l'écrivain, désabusé, se détourne du libéralisme. Dans ses dernières oeuvres, l'intérêt pour les problèmes politiques et sociaux fait place à des préoccupations d'ordre spirituel "Nazarin" 1895. Il entre à nouveau au Parlement, cette fois dans les rangs du parti républicain (1907-1910). Mais ce choix politique lui alliène la sympathie des classes bourgeoises et est à l'origine de son échec au prix Nobel (1912). Devenu aveugle, il passe ses dernières années dans l'oubli et la pauvreté, et meurt à Madrid le 4 janvier 1920.